L’engagement de la Turquie en Afrique : quelles configurations à l’heure du Centenaire de la République (2023)?

0

Introduction : contexte et justification

Les tendances des relations Turquie-Afrique de ces deux dernières décennies s’illustrent globalement en nette croissance avec des retombées très positives pour les deux côtés du partenariat. En renouvelant sans cesse sa stratégie d’expansion sur le continent africain, Ankara est en passe de devenir un sérieux concurrent aux autres puissances traditionnelles et pays émergents y présents, lesquels envisagent tous de gagner plus de marché (débouchés et matières premières) et d’assurer une présence inscrite dans la longue durée. L’une des avancées majeures des pions turcs sur l’échiquier africain est celle de sa présence sur l’île soudanaise de Suakin pour une durée de 99 ans dans le but de mettre en place un ensemble d’installations hôtelières et d’équipements de loisirs touristiques sur la route du pèlerinage à la Mecque en restaurant les vestiges ottomans.

Un tel acte met au grand jour l’ambition de la Turquie d’être aussi dans la course à l’installation des bases militaires et d’exprimer sa présence comme un acteur de premier plan en Afrique (“oyun kurucu olarak ben de varım[1]”) comme l’analyse récemment Muhammed Tandoğan. Bien que la diplomatie turque n’ignore pas que sa géographie afro-eurasienne comporte de sérieux risques pour la sécurité (conflits conventionnels ou menaces asymétriques), elle tente de mettre en avant son potentiel de richesse pour la région et le monde entier en raison de ses ressources économiques, sociales et culturelles[2].

Une imposante littérature est en train progressivement de s’enrichir en termes d’analyse des relations turco-africaines que ce soit en Turquie ou à l’étranger. Toutefois, l’angle d’attaque de la plupart de ces recherches est globalement focalisé sur la restitution binaire dynamique-bilan de l’engagement turc sur le continent. Il semble, à n’en point douter, qu’un renouvellement de la grille de lecture de la recherche sur la coopération turco-africaine serait largement un surplus notoire à promouvoir. De ce fait, les paramètres de la théorisation et des projections confortent à bien des égards une telle ambition. S’appuyant sur ce deuxième paramètre, il sera analysé en profondeur la construction de la puissance turque, à l’horizon du Centenaire de la République l’année 2023, à travers les configurations envisageables de son engagement en Afrique tout en reliant, au mieux, les faits aux attentes et ambitions futures du continent à moyen et à long terme.

Pénétration, expansion et « soft power » de la Turquie en Afrique

  1. Pénétration et expansion sur le continent

Il est reconnu de notoriété que l’année 1998 est la date-charnière de (re-)lancement des relations turco-africaines. Ce fut durant cette année que le Gouvernement turc a mis en œuvre la « politique d’ouverture à l’Afrique » au sein de sa politique étrangère en quête de partenaires alternatifs dans le monde. Toutefois, bien avant ce tournant de « l’appétit » turc vers ce continent,  il y a un passé lourd qui, entre le XVIe et le XXe siècles, liait la Turquie à la terre africaine, notamment à travers la présence ottomane en Afrique du Nord et ses accords d’amitié et d’échanges diplomatiques avec certaines parties de l’Afrique subsaharienne. Dans l’un de ses travaux en 2013, Özgür Türesay de l’Université Galatasaray propose une lecture critique et alternative de « la tentative de quelques éminents historiens d’intégrer l’histoire de l’Empire ottoman au domaine des études dites postcoloniales[3] » depuis le début des années 1990 ; ce qui permet de classer hors du colonialisme le passé turc en Afrique.

La refonte globale de la politique étrangère turque depuis le début des années 2000 doit être reliée à son théoricien et praticien l’internationaliste Ahmet Davutoğlu pour qui, la Turquie est restée jusque-là cloitrée dans une conception pro-occidentale des relations internationales en jouant le rôle d’un « Etat périphérique ». Il met en place une politique étrangère indépendante, active et multidimensionnelle afin de permettre à son pays de devenir une puissance mondiale en exploitant sa « profondeur historique » (le passé impérial et l’héritage ottoman) et sa « profondeur stratégique » à l’intersection de plusieurs mondes (Méditerranée, Caspienne, Mer Noire, Moyen-Orient, Asie Centrale, Europe Orientale, Caucase ou Balkans)[4]. Contrairement aux perceptions de Fukuyama et de Huntington de la scène internationale, il estime que l’émergence de la Turquie peut servir à « une coexistence inter-civilisationnelle pacifiée[5]». C’est sur ce fond d’une nouvelle politique étrangère proactive qu’il faut comprendre la pénétration turque sur le continent, laquelle s’appuie sur trois principaux facteurs : d’abord, la transformation de la scène internationale africaine avec l’entrée en course des pays asiatiques ; ensuite, la montée en force des organisations non-gouvernementales (ONG)/TIKA et de l’économie turque épaulée par la nouvelle classe entreprenante appelée les Tigres de l’Anatolie ; enfin, les engagements internationaux de la nouvelle élite politique ambitieuse du Parti de la Justice et du Développement (Adalet ve Kalkınma Partisi, AK Parti)[6].

La présence diplomatique de la Turquie en Afrique remonte au début des années 1920 avec l’ouverture des ambassades en Egypte (1925) et en Ethiopie (1926). C’est suite à l’accession à l’indépendance des pays africains que la Turquie commença à renforcer son ouverture de petits pas sur le continent en ouvrant des représentations diplomatiques en Libye (1952), au Maroc (1957), en Tunisie (1957), au Ghana (1957), au Nigéria (1962), en Algérie (1963), au Sénégal (1963), au Kenya (1968), en République Démocratique du Congo (1974), en Somalie et en Tanzanie (1979). Lorsqu’on se réfère toujours aux analyses de Mürsel Bayram, il se dégage que la Turquie sous Turgut Özal (1983-1993) a connu une politique étrangère statique[7], ce qui n’a pas permis une réactivation de sa présence sur le continent africain. Comme le précise cet auteur encore une fois de plus, il faut attendre les années 2009, 2010, 2011, 2012 et 2013 pour que la diplomatie turque passe de 12 à 35 ambassades en Afrique. Cet activisme diplomatique illustre clairement l’ambition d’Ankara de jouer désormais un rôle mondial en s’appuyant sur ses partenaires africains.

D’ailleurs, la stratégie de pénétration de l’Afrique subsaharienne serait, croyons-nous, la conséquence du « retour de la Turquie en Méditerranée » en répulsion à sa politique d’évitement de cet espace géopolitique de défaites et de conflits dans le passé avec les voisins et les puissances étrangères. En développant ainsi une « conception fonctionnelle et instrumentale » de la Méditerranée, considérée comme « la fenêtre de la Turquie sur le monde » et un interface avec l’Occident[8], Recep Tayyip Erdoğan proposa même la mise en place d’un espace économique « Shamgen » – inspiré du modèle espace Schengen – dans le but de « souder la Turquie à son voisinage et d’établir un espace de paix et de prospérité dans le bassin méditerranéen », se matérialisant par la libre circulation des populations des rives sud et est[9]. Cette pénétration progressive encadrée par une expansion fulgurante sur le continent s’appuie spécifiquement sur la puissance douce (le soft power) des acteurs internationaux turcs.

  1. Le « soft power » turc : la conquête des cœurs africains

D’après Joseph Nye, le « soft power » n’est pas une simple « politique d’influence », car dans sa complexité, ce concept intègre principalement le pouvoir d’« attraction » qui, à son tour, se structure autour de trois modes opératoires et différents vecteurs essentiels : les conduites (« attraction », « agenda setting »), les outils premiers (les valeurs, la culture et les institutions) et les politiques publiques et diplomatiques[10]. En privilégiant la stratégie de conquête des cœurs des Africains, contrairement à la force militaire (hard power), Ankara utilise et instrumentalise à bon escient les activités des structures étatiques ou non provenant de Turquie sur le continent pour assurer sa visibilité et sa construction d’une image de légitimité politique.

Prioritairement, l’Agence Turque de Coopération et de Coordination en abrégé TIKA (Türk İşbirliği ve Koordinasyon Ajansı) est un pivot de la présence, de l’influence et du rôle que joue la Turquie en Afrique depuis sa première implantation en 2005 à Addis-Abeba (Ethiopie). Cette structure étatique rattachée au Premier Ministère turc mène ses activités dans une quarantaine de pays africains sous l’égide de ses 15 bureaux présents actuellement sur le continent. Durant seulement l’année 2010, 70 projets ont été réalisés par TIKA dans 22 pays africains à travers des programmes spécifiques dans les domaines de l’agriculture (Afrika Kıtası Tarımsal Kalkınma Programı), de la santé (Afrika Sağlığı Programı) et de l’éducation (Afrika Mesleki Eğitim Programı)[11]. Grâce aux réalisations de TIKA à l’étranger, y compris en Afrique, la Turquie est devenue en 2017 le premier fournisseur d’aide humanitaire au monde[12].

En ce qui concerne l’éducation, la diplomatie de séduction d’Ankara propose des bourses d’études (Türkiye Bursları) depuis 2012 aux étudiants africains et internationaux sous le financement conjoint des ministères de l’Education et des Affaires Etrangères. Par exemple, il y a eu durant l’année académique 2017-2018 environ 15 138 étudiants africains dans l’enseignement supérieur en Turquie[13].  Sur le continent, de nombreux centres culturels turcs – (Yunus Emre Enstitüsü), au nombre de 10 en 2018 – introduisent l’art, la culture et la littérature turcs en milieu africain. Pour mieux assurer son image de marque (modernité, bien-être et ouverture), la Turquie diffuse, grâce aux partenaires, ses feuilletons afin de « promouvoir une image positive et attractive du pays et produire du branding national[14] ».

Par ailleurs, la compagnie aérienne turque Turkish Airlines contribue aussi à rapprocher les cœurs des Africains à cet Etat anatolien. Après 2005 promulgué l’« année de l’Afrique », les premières destinations africaines de Turkish Airlines étaient seulement Addis-Abeba (Ethiopie), Khartoum (Soudan) et Lagos (Nigéria). Or, il se dégage en 2018 une augmentation exponentielle du nombre de destinations vers l’Afrique qui a atteint le chiffre de 55. A côté de cela, la télévision et la presse turques (TRT World et Anadolu Ajansı) ont ouvert des agences sur le continent : à Abuja (Nigéria), au Caire (Egypte), à Rabat (Maroc) et à Addis-Abeba (Ethiopie)[15]. Cela permet donc de présenter et de mieux connaître l’Afrique en attirant l’attention de l’opinion publique turque. Ainsi Ankara se démarque-t-il des concurrents en Afrique « en projetant une image de simplicité, donc de proximité[16] ». En plus de ces structures citées, de nombreuses ONG et entreprises turques y agissent, car, comme le souligne Nye, la société civile est l’acteur principal du « soft power »[17].

Le Centenaire de la République de Turquie : un tournant de l’engagement africain d’Ankara ?

  1. La Turquie de 2023 : vers une reconnaissance mondiale

La Turquie est un Etat exceptionnel au monde à cause de sa position stratégique qui est un facteur d’influence sur certains pans majeurs des relations internationales. Avant d’en parler de sa projection sur son voisinage et sur la scène africaine, il est fort nécessaire de retenir qu’elle occupe une place centrale dans la géopolitique des hydrocarbures entre zones de production (Asie centrale) et de consommation (Europe) ; ce qui centralise sa géographie dans les luttes d’influence des grandes puissances (Etats-Unis, Russie et Chine) pour le contrôle des « corridors » d’acheminement du pétrole et du gaz d’Asie centrale. Conscient de ses atouts, Ankara adopte une « approche pragmatique privilégiant ses intérêts régionaux et ses ambitions de puissance » mondiale sur les impératifs passés de l’alliance exclusive avec les Américains[18] et les Européens. Dans ce cadre, selon le Ministère turc des Affaires Etrangères, les objectifs fixés pour le centième anniversaire de la République visent à rehausser non seulement les normes de paix et de prospérité à l’intérieur du pays, mais à renforcer également la contribution du pays à son propre voisinage et au-delà. Ce qui permettra à un développement durable dans la région au lieu de lutter sans cesse contre les conflits. Sa diplomatie entreprenante et humanitaire sera au service des objectifs communs de l’humanité[19].

En élaborant le plan de « Vision 2023[20] », la Turquie cesse d’être joueuse d’arrière –plan sur la scène internationale pour un statut d’« acteur central ». L’ensemble de ses objectifs est axé sur l’économie, le tourisme, la politique étrangère, les transports et la santé. Pour être l’une des économies la plus performante dans le monde, Ankara s’efforce d’ores et déjà à atteindre le taux de chômage de 5%, 1 trillion de dollar américain (USD) dans le commerce extérieur, un salaire brut de 25 000 USD, une industrie exportatrice d’une valeur de 500 milliards USD par an et un produit intérieur brut de 2 trillions USD. Malgré le déficit du compte, le chômage et l’inflation (tous à combler d’ici 2020), l’économie turque a progressé de 6,1% en 2015, de 3,2% en 2016 et de 7% en 2017. C’est pourquoi elle est qualifiée de l’un des marchés les plus dynamiques du G20[21]. Il est judicieux de croire donc à cette tendance de classement de la Turquie parmi les dix premières économies mondiales d’ici 2023. Ankara tente ce même pari de classement pour son tourisme à travers les campagnes de masse, la puissance de la publicité sur Internet et la révolution écologique.

L’autre partie cruciale des objectifs de 2023 revient à la politique étrangère, car la Turquie construit sa puissance mondiale sur les avantages du commerce extérieur et de la coopération mondiale. Face aux situations complexifiées par ses partenaires européens et le Brexit du Royaume-Uni, l’adhésion à l’Union Européenne (UE) devient une question indécise pour la Turquie. Toutefois, l’objectif majeur d’Ankara est de jouer un rôle actif dans les questions régionales (et mondiales) et la sécurité pour maintenir la stabilité[22] et la croissance de l’économie. En outre, pour une énergie performante, des grands parcs éoliens ont été construits sur la côte égéenne ; et, des centrales géothermiques et nucléaires sont en cours. Le régime en place vise, grâce aux potentiels énergétiques du pays, à générer 20 000 mégawatts[23] : ce qui permettra de mettre plus d’entrain dans les objectifs globaux de sa puissance. En ce qui concerne la santé, le nombre de médecins doit se porter à 210 pour 100 000 personnes, étant donné que chaque citoyen est en train d’être activement inscrit dans le système d’assurance. Enfin, des aéroports, des nouvelles voies ferrées, des autoroutes avec l’engagement d’Ankara dans le projet transnational One Belt One Road lancé par la Chine, etc. sont en cours afin de faciliter la fluidité du transport des affaires et des marchandises ainsi qu’au tourisme intérieur[24].

  1. Prendre le tournant sur l’échiquier africain

Le revirement de la présence et de l’influence de la Turquie en Afrique doit tenir compte des trois paramètres suivants : le dynamisme de l’économie turque, la stratégie de survie à adopter face aux conflictualités africaines et enfin les nouveaux secteurs d’engagement d’Ankara sur le continent. En ce qui concerne le dynamisme de l’économie turque, le pays a su passer d’« une production de moyenne technologie à une production de haute technologie dans les quinze dernières années ». Lorsqu’en 1996 la production de moyenne technologie était en dessous de 20%, elle a atteint 40% en 2009. Il est vrai que l’influence des nouvelles technologies est en train de devenir la force concurrente et alternative du « hard power » et du « soft power » dans les relations internationales du XXIe  siècle[25]. Ce dynamisme économique se ressent également sur la diversification de la production industrielle ayant un impact positif sur l’urbanisation du pays.

Cela s’est rendu possible par l’amplification des échanges du pays avec le Moyen-Orient et l’Afrique, parallèlement aux flux avec ses partenaires européens[26]. Cette ascension de la Turquie vers les dix premières économies du monde est une grande opportunité pour le marché africain et les investissements turcs sur le continent. Il revient donc aux structures et acteurs de mettre en place des stratégies commerciales efficaces à temps afin de booster les flux entre la Turquie et l’Afrique. D’ailleurs, l’expansion turque sur le continent s’est d’abord focalisée sur le plan économique avant d’enchaîner la stratégie diplomatique[27] ; donc il y a une « corrélation entre développement et affirmation diplomatique de la Turquie[28] » ces deux dernières décennies.

Intéressons-nous à présent à la stratégie de survie d’Ankara sur le contient. L’engagement en Somalie est l’un des principaux éléments qui fait de la Turquie un partenaire sérieux pour les pays africains. La démarche entreprise par les leaders politiques turcs s’appesantit sur trois approches bien structurées incluant l’aide humanitaire, l’aide au développement et la restauration de la paix et de la sécurité[29]. La diplomatie turque est consciente que le problème somalien ne peut être résolu sans l’avoir inscrit dans le registre régional et mondial. Suite à son ouverture d’une ambassade en Erythrée en 2013, la Turquie, acteur-clé en Afrique de l’Est, est devenue le seul pays à avoir des représentations diplomatiques dans tous les pays de la région[30].  La « diplomatie préventive», chère à la projection internationale d’Ankara[31] , devrait donc continuer à être conforme avec sa droite ligne, puisque « si les causes sous-jacentes du potentiel de conflit ne peuvent être déterminées et prévenues en temps opportun, les crises émergentes nécessiteront des mesures beaucoup plus coûteuses et prolongées pour la région et la communauté internationale, et chaque conflit pourra également déclencher une nouvelle tension[32] ». Ainsi, l’évolution de la diplomatie africaine depuis 1955, de la réactivité au pro-activisme en passant par la passivité des années 1970-1990[33], rend possible une coopération internationale bénéfique pour le continent et pour la sécurité internationale. De nos jours, comme l’analyse Dr. Mohammed Tandoğan en 2018, aucun pays ne peut vraiment exprimer ses potentialités de puissance sans une coopération avec l’Afrique pour le contrôle des routes maritimes et des ressources énergétiques mondiales[34].

Enfin, quels sont les secteurs porteurs de l’engagement turc en Afrique dans une perspective de moyen et de long terme ? La santé, la communication, le tourisme, la paix, la sécurité et la médiation sont parmi les priorités de la coopération Turquie-Union Africaine pour la période 2015-2019[35]. Le secteur de l’énergie qui n’était pas inscrit à l’ordre du jour lors du sommet Turquie-Afrique de 2008 devrait donc forcément être une priorité pour la sécurité énergétique de la Turquie, puisque l’importation énergétique du pays continue de dépendre largement du Moyen-Orient et de la Russie.

Il est évident qu’Ankara puisse trouver son compte sur le continent qui jouit de la troisième réserve de pétrole mondial notamment au Maghreb, à l’intérieur du continent et dans le Golfe de Guinée. Le défi pour la Turquie serait celui de pouvoir s’insérer dans la compétition avec les nombreuses multinationales européennes et asiatiques y présentes. A côté des initiatives turques dans les domaines de l’agriculture et de la santé sur le continent, il faudrait donc accroître davantage l’attractivité des étudiants africains dans l’enseignement supérieur turc comme la France, l’Angleterre, les Etats-Unis et la Chine. Une telle mobilité intellectuelle internationale pourra alors rapprocher de plus en plus les universitaires et centres de recherche d’Afrique et de Turquie.

Les défis turcs sur le continent face aux attentes de l’Afrique

  1. Un challenge à plusieurs facettes

Le premier défi à moyen et à long terme de l’engagement turc en Afrique est le risque de l’essoufflement ou de la fuite en avant de deux décennies de nette croissance. Pour contre ce « African fatigue » d’Ankara, Mehmet Özkan estime qu’il est nécessaire de mettre en place une large vision et planification et d’émettre des nouveaux discours[36] en phase avec les attentes de l’Afrique. Elem Eyrice Tepeciklioğlu analysait aussi la légère stagnation de l’investissement turc sur le continent et le manque d’une approche globale à la dimension de la puissance turque dont le volume commercial est à 60% avec l’Afrique du Nord essentiellement[37]. L’activisme diplomatique de la Turquie revêt toujours des objectifs du statut de nouveau partenaire, or les ambitions planétaires d’Ankara doivent s’inscrire désormais dans une logique de coopération intégrée aux structures de l’Union Africaine pour les nouveaux défis du continent.

A côté de ses objectifs de départ (courtiser et promouvoir l’implantation d’intérêts économiques, institutionnaliser les relations turco-africaines pour gagner en influence politique, et obtenir des appuis des Etats africains au sein des instances multilatérales internationales[38]), Ankara devrait intégrer dans son engagement une coopération spécifique avec les mécanismes africains pour la gestion des défis mondiaux. Il s’agit premièrement le cas du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) qui est un cadre stratégique d’intégration et de Renaissance du continent ; ensuite, le Conseil de Paix et de Sécurité pour les sanctions et les interventions militaires sur le continent grâce à la Force Africaine en Attente (FAA).

Le deuxième défi que doit affronter la Turquie, puissance mondiale en devenir, pour un meilleur engagement en Afrique serait sa capacité à faire face aux crises et instabilités qui menacent ses intérêts sur le continent. En tant qu’« Etat pivot » à « la recherche d’un statut régional » et mondial, la Turquie a été surprise par les effets du Printemps Arabe au Maghreb qui sont venus déstabiliser et contrarier ses investissements en mettant en péril spécialement ses intérêts économiques en Libye. Dans sa diplomatie de bon voisinage et de « zéro problème », le stratège turc Ahmet Davotuğlu lisait son inflexion géopolitique sous un espace qui s’étend de Sarajevo au Caire (cercle 1) et du Maroc à l’Indonésie (cercle 2)[39]. Or, dans ce voisinage instable, Ankara a dû changer de cap en mettant en avant la protection des intérêts pour le cas de la Libye où il avait investi entre 26 et 30 milliards USD dans le secteur du bâtiment, avec environ 30 000 ressortissants turcs dans le pays[40]. C’est pourquoi Ankara continue jusque-là de suivre de près les évolutions sécuritaires en Libye.

De même il y a des sérieux risques auxquels font face les acteurs internationaux turcs en Somalie. Le terrorisme à l’intérieur du pays et la piraterie dans le Golfe d’Aden sont des menaces permanentes pour la présence turque dans la Corne de l’Afrique. D’ailleurs, respectivement en 2013 et 2015 l’ambassade turque et l’hôtel qui devrait recevoir la commission turque pour la visite du Président Erdoğan ont été attaqués. En installant une base militaire, dans ce pays depuis 2017, associée à l’attraction grandissante de la Turquie au sein de la population, Ankara pourra davantage œuvrer à l’amélioration et à la progression de son engagement dans ce pays et à la pacification de la Corne de l’Afrique.

Très récemment, İlhan Zengin se questionnait si la Turquie était en train de « perdre » le Soudan (Türkiye, Sudan’ı Kaybediyor mu?) face aux derniers troubles et manifestations qui vont aboutir au coup d’Etat et le départ du Président Oumar Béchir. Depuis 1956, la Turquie a renoué ses relations avec le Soudan où elle vient de devancer ses concurrents (l’Arabie Saoudite, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, Israël et les Occidentaux) en obtenant le « bail » de l’île de Suakin pour une durée de 99 ans, l’investissement à hauteur de 100 millions USD [41] et en continuant de mener des activités régulières et intenses par TIKA depuis 2006. Malgré l’absence d’une position officielle sur ce coup d’Etat du 11 avril 2019, les académiciens turcs produisent des travaux intéressants pour comprendre et anticiper les scénarios au profit des intérêts soudano-turcs dans le pays. Il faut préciser aussi que c’est à cause de l’insécurité et de la crise économique respectivement que les ambassades turques en Somalie d’une part, et au Ghana et en Tanzanie d’autre part, ont été fermées dans les années 1980[42].

  1. Le couple Turquie-Afrique face aux enjeux globaux du continent

La mondialisation, la sécurité et la «Renaissance Africaine[43]» sont les axes majeurs des enjeux globaux de l’Afrique au sein de la vie internationale. Dans sa quête de puissance mondiale vers l’horizon 2023, la Turquie devrait s’associer à l’Afrique qui a aussi des ambitions futures. Bien qu’ayant mis en place une Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (AAPS) entre 2002 et 2005, le continent continue de dépendre largement du soutien occidental (la France, l’Union Européenne, la Grande-Bretagne, le Portugal et les Etats-Unis) à travers des coopérations polyvalentes. Aussi l’Afrique sera-t-elle la « première touchée de plein fouet par les répercussions du réchauffement planétaire » en termes de mouvements de population face à la désertification et aux crises alimentaires[44]. C’est sur ce fond peu reluisant que le terrorisme international aussi a trouvé son terreau en Afrique (le Sahel et le Maghreb). Donc, c’est dans ce cadre que la Turquie et l’Afrique doivent axer leur coopération afin de « sauver » le continent de la « dérive » et des guerres par procuration que se font les anciennes puissances coloniales sur le continent sous forme de néocolonialisme.  Par-delà tout, l’Afrique doit saisir cette insertion à la mondialisation en ayant en arrière-plan que la nouvelle coopération internationale doit largement tenir compte de ses motivations géopolitiques et géoéconomiques.

Pour ce qui est du terrorisme et de la problématique de sécurité, la Turquie investit à une nouvelle philosophie de l’éducation sur le continent centrée autour de la paix grâce à ses structures éducatives (Türkiye Maarif Vakfı, TMV) mises en place en 2006. Outre en Somalie, l’engagement militaire d’Ankara est aussi perceptible dans les opérations onusiennes de maintien de la paix sur le continent. Face à ce nouveau champ d’action de la Turquie sur le continent, les leaders turcs doivent faire preuve d’innovation afin de ne pas s’aligner derrière l’approche des Occidentaux, car désormais l’engagement turc associe et surtout devrait associer l’humanitaire au sécuritaire pour répondre aux besoins de ses partenaires africains. Au regard de la dynamique géopolitique et géostratégique du continent de ces dernières années, Ankara doit restructurer sa vision cartographique de l’Afrique, puisque le « gros de l’action historique » se joue désormais aux extrémités du continent, en Afrique du Sud et sa projection dans l’Océan indien, et, enfin, dans la « diagonale des zones de guerre » qui couvre l’espace allant de la Corne de l’Afrique à l’Atlantique, via l’Angola, le Congo-Brazzaville, la région des Grands Lacs et le Congo[45].

En dernier lieu, la Renaissance Africaine, calquée sur la Vision panafricaine « d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique dans l’arène internationale[46] », permettra de venir à bout de chapelet des problèmes qui continuent de miner le continent. Au cours des 50 dernières années (1963-2013), l’Afrique s’est battue pour la décolonisation, contre l’apartheid et pour la réalisation de l’indépendance politique du continent. Les objectifs pour les 50 prochaines années couvrent le développement économique et social, l’intégration, la gouvernance démocratique, la paix et la sécurité, entre autres. Cet Agenda 2063 adopté en janvier 2015 contient des programmes spécifiques à l’instar du réseau ferroviaire intégré de train à grande vitesse, de l’université virtuelle africaine, de la formulation d’une stratégie des matières premières, de la mise en place d’un forum africain annuel et d’une zone de libre-échange continentale, du passeport africain et de la libre circulation des personnes, de l’e-réseau panafricain, du programme « faire taire les armes en 2020 » pour mettre fin à toutes les guerres et violences, de la stratégie spatiale africaine, du marché unique du transport aérien en Afrique, et enfin des institutions financières africaines[47].

Outre l’engagement tous azimuts d’Ankara sur le continent, une place importante doit être accordée aux recherches scientifiques sur les dynamiques en cours afin d’anticiper et d’orienter la politique étrangère turque. Il est nécessaire de mettre en lumière le rôle majeur de l’Association des Chercheurs sur l’Afrique (Afrika Araştırmacıları Derneği, AFAM[48]) mise en place en décembre 2016 et basée à Istanbul. Elle assure, à travers ses publications régulières en langues turque et internationales, l’activation et le développement des activités de la société civile et de soutenir les individus et les organisations menant des activités africaines. AFAM organise aussi des activités de formation telles que les cours, les séminaires, les conférences et les panels sous l’égide des universitaires et chercheurs turcs et internationaux.

Conclusion

En définitive, l’engagement turc sur le continent africain de ces deux dernières décennies a connu des succès notoires  bénéfiques pour l’Afrique et la Turquie. Face aux défis globaux et aux ambitions futures de l’Afrique, la Turquie devrait accroître et diversifier ses activités sur le continent à la dimension de son statut et de sa quête de puissance mondiale à l’horizon 2023. Par ailleurs, les renouvellements observés dans les sciences sociales rendent comptent de la centralité de l’Afrique dans la mondialisation aussi bien dans sa formulation historique que contemporaine. De ce fait, Afrique est appelée à façonner sa politique internationale vis-à-vis de la Turquie et des autres nouveaux partenaires qui sont des pays émergents, afin de ne pas stagner les richesses et les potentialités spectaculaires du continent dans l’« angle mort » de la géopolitique mondiale du XXIe siècle.

Sources et bibliographie

Abdelwahab Biad (2014). «Turquie : un Etat pivot à la recherche d’un statut régional», Géoéconomie, 2014/5 n° 72, pp. 101-116, https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2014-5-page-101.htm, consulté le 15 juillet 2019.

Abdoul Aziz Ahmadou (2019). « ACAMAS et TIKA : deux bras séculiers de la coopération turco-camerounaise », Association des Chercheurs sur l’Afrique (Afrika Araştırmacıları Derneği, (AFAM)  https://www.afam.org.tr/acamas-et-tika-deux-bras-seculiers-de-la-cooperation-turco-camerounaise/, consulté le 17 juillet 2019.

African Union Commission (2015). Agenda 2063 : L’Afrique que nous voulons – Le plan décennal de mise en œuvre 2013-2023, Addis Ababa : African Union Commission.

Elem Eyrice Tepeciklioğlu (2019). «Afrika’ya Açılım Kararından Yirmi Sene Sonra Türkiye-Afrika İlişkileri Nerede?», Bilgesam Analiz / Afrika, n°1395, 4 Ocak 2019, pp. 1-8.

Eşen Çağlar (2013). «Où va l’économie turque ? Trois scénarios à long terme et leurs répercussions sur les politiques menées», Hérodote, 2013/1 n° 148, pp. 138-155, https://www.cairn.info/revue-herodote-2013-1-page-138.htm, consulté le 13 juillet 2019.

Frédéric Martel (2013). «Vers un ‘soft power’ à la française», Revue internationale et stratégique, 2013/1 n° 89, pp. 67-76, https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2013-1-page-67.htm, consulté le 12 juillet 2019.

Gérard Groc (2012). «La doctrine Davutoglu : une projection diplomatique de la Turquie sur son environnement», Confluences Méditerranée, 2012/4, n° 83, pp. 71-85, https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2012-4-page-71.htm, consulté le 20 juin 2019.

İlhan Zengin (2019). «Türkiye, Sudan’ı Kaybediyor mu?», Association des Chercheurs sur l’Afrique (Afrika Araştırmacıları Derneği, (AFAM), https://www.afam.org.tr/turkiye-sudani-kaybediyor-mu/, consulté le 26 juillet 2019.

Istanbul Homes : Leading Real Estate Agency, «Projet Vision 2023 de la Turquie», https://www.istanbulhomes.fr/blog/projet-vision-2023-de-la-turquie, consulté le 11 juin 2019.

Jana Jabbour (2014). «Le retour de la Turquie en Méditerranée : la « profondeur stratégique » turque en Méditerranée pré- et post-printemps arabe», Cahiers de la Méditerranée, n°89,  pp. 1-13, http://journals.openedition.org/cdlm/7671, consulté le 19 avril 2019.

Jean Njoya (2010). « Mondialisation et insertion internationale de l’Afrique : l’anthropologie d’une dynamique récusée », Verfassung und Recht in Übersee / Law and Politics in Africa, Asia and Latin America, vol. 43, n°4, pp. 482-505, https://www.jstor.org/stable/43239583, consulté le 20 juin 2019.

Mehmet Özkan (2016). «Turkey’s African Experience: From Venture to Normalisation», Foundation for European Progressive Studies/ Fondation Européenne d’Etudes Progressives, pp. 1-16.

Ministère des Affaires Etrangères de la République de Turquie, « Résolution des Conflits et Médiation », http://www.mfa.gov.tr/resolution-of-conflicts-and-mediation_fr.fr.mfa, consulté le 10 juin 2019.

Ministère des Affaires Etrangères de la République de Turquie, « La politique étrangère entreprenante et humanitaire de la Turquie », http://www.mfa.gov.tr/vue-generale.fr.mfa, consulté le 10 juin 2019.

Muhammed Tandoğan (2018). «Küresel Rekabet Alanı Kızıldeniz’de Güç Savaşları», Türkiye Günlüğü 133, Kış 2018.

Mürsel Bayram (2014). « Türk Diş Politikasinin Dönüşüm Sürecinde Afrika », https://www.researchgate.net/publication/297010423_Turk_Dis_Politikasinin_Donusum_Surecinde_Afrika, consulté le 1er juillet 2019.

Oliver Mbabia (2011). «Ankara en Afrique : stratégies d’expansion», Outre-Terre, 2011/3 n° 29, pp. 107-119, https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2011-3-page-107.htm, consulté le 10 juillet 2019.

Özgür Türesay (2013). p. 145. «L’empire ottoman sous le prisme des études postcoloniales. À propos d’un tournant historiographique récent», Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2013/2 n° 60-2, pp. 127-145, https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-etcontemporaine-2013-2-page-127.htm.

Pascal le Pautremat (2015). « L’Afrique : entre défis et succès potentiels, loin des fatalités», Diploweb.com : La Revue Géopolitique, https://www.diploweb.com/L-Afrique-entre-defis-et-succes.html, consulté le 21 juin 2019.

Philippe Rekacewicz (2016). «Géopolitique africaine alternative. Dialogue cartographique avec Achille Mbembe», https://visionscarto.net/geopolitique-africaine-alternative, consulté le 12 juin 2019.

Ruiz Claude (2011). «La Turquie : émergence et positionnement géopolitique. (Emerging Turkey ‘s geopolitical positioning)», Bulletin de l’Association de géographes français, 88e année, 2011-3. Les pays émergents : la montée en puissance de nouveaux acteurs dans la mondialisation, pp. 296-305, https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_2011_num_88_3_8225, consulté le 09 juillet 2019.

Notes de pas de page

[1] Muhammed Tandoğan (2018). « Küresel Rekabet Alanı Kızıldeniz’de Güç Savaşları », Türkiye Günlüğü 133, Kış 2018, p. 3.

[2] Ministère des Affaires Etrangères de la République de Turquie, « Résolution des Conflits et Médiation », http://www.mfa.gov.tr/resolution-of-conflicts-and-mediation_fr.fr.mfa, consulté le 10 juin 2019.

[3] Özgür Türesay (2013). p. 145. « L’empire ottoman sous le prisme des études postcoloniales. À propos d’un tournant historiographique récent », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2013/2 n° 60-2, p. 145, https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-etcontemporaine-2013-2-page-127.htm.

[4] Jana Jabbour (2014). « Le retour de la Turquie en Méditerranée : la « profondeur stratégique » turque en Méditerranée pré- et post-printemps arabe », Cahiers de la Méditerranée, n°89,  p. 4. http://journals.openedition.org/cdlm/7671, consulté le 19 avril 2019.

[5] Gérard Groc (2012). « La doctrine Davutoglu : une projection diplomatique de la Turquie sur son environnement », Confluences Méditerranée, 2012/4, n° 83, p. 74, https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2012-4-page-71.htm, consulté le 20 juin 2019.

[6] Mürsel Bayram (2014). « Türk Diş Politikasinin Dönüşüm Sürecinde Afrika », p. 11-15, https://www.researchgate.net/publication/297010423_Turk_Dis_Politikasinin_Donusum_Surecinde_Afrika, consulté le 1er juillet 2019.

[7] Mürsel Bayram (2014), p. 5.

[8] Jana Jabbour (2014), p. 1.

[9] Jana Jabbour (2014), p. 6.

[10] Frédéric Martel (2013). « Vers un « soft power » à la française », Revue internationale et stratégique, 2013/1 n° 89, p. 68, https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2013-1-page-67.htm, consulté le 12 juillet 2019.

[11] Mürsel Bayram (2014), p. 10.

[12] Abdoul Aziz Ahmadou (2019). « ACAMAS et TIKA : deux bras séculiers de la coopération turco-camerounaise », Association des Chercheurs sur l’Afrique (Afrika Araştırmacıları Derneği, (AFAM)  https://www.afam.org.tr/acamas-et-tika-deux-bras-seculiers-de-la-cooperation-turco-camerounaise/, consulté le 17 juillet 2019.

[13] Elem Eyrice Tepeciklioğlu (2019). « Afrika’ya Açılım Kararından Yirmi Sene Sonra Türkiye-Afrika İlişkileri Nerede? », Gilgesam Analiz / Afrika, n°1395, 4 Ocak 2019, p. 2.

[14] Jana Jabbour (2014), p. 6.

[15] Elem Eyrice T. (2019), p. 3.

[16] Oliver Mbabia (2011). « Ankara en Afrique : stratégies d’expansion », Outre-Terre, 2011/3 n° 29, p. 115-116, https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2011-3-page-107.htm, consulté le 10 juillet 2019.

[17] Frédéric Martel (2013), p. 69.

[18] Abdelwahab Biad (2014). « Turquie : un Etat pivot à la recherche d’un statut régional », Géoéconomie, 2014/5 n° 72, p. 115, https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2014-5-page-101.htm, consulté le 15 juillet 2019.

[19] Ministère des Affaires Etrangères de la République de Turquie, « La politique étrangère entreprenante et humanitaire de la Turquie », http://www.mfa.gov.tr/vue-generale.fr.mfa, consulté le 10 juin 2019.

[20] Pour des détails succincts sur ce plan de « Vision 2023 » de la Turquie, voir respectivement : Turkish Asian Center for Strategic Studies (TASAM), « Turkey’s Strategic Vision 2023 », http://www.tsv2023.org/index.php/en/; et Republic of Turkey Prime Ministry, « Turkey Vision 2023 », http://www.turkey-japan.com/business/category1/category1_70.pdf.

[21] Istanbul Homes : Leading Real Estate Agency, « Projet Vision 2023 de la Turquie » https://www.istanbulhomes.fr/blog/projet-vision-2023-de-la-turquie, consulté le 11 juin 2019.

[22] Idem.

[23] Idem.

[24] Idem.

[25] Frédéric Martel (2013), p. 70.

[26] Eşen Çağlar (2013). « Où va l’économie turque ? Trois scénarios à long terme et leurs répercussions sur les politiques menées », Hérodote, 2013/1 n° 148, p. 143, https://www.cairn.info/revue-herodote-2013-1-page-138.htm, consulté le 13 juillet 2019.

[27] Oliver Mbabia (2011), p. 108.

[28] Ruiz Claude (2011). « La Turquie : émergence et positionnement géopolitique. (Emerging Turkey ‘s geopolitical positioning), Bulletin de l’Association de géographes français, 88e année, 2011-3. Les pays émergents : la montée en puissance de nouveaux acteurs dans la mondialisation, p. 300, https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_2011_num_88_3_8225, consulté le 09 juillet 2019.

[29]  Mehmet Özkan (2016). « Turkey’s African Experience: From Venture to Normalisation », Foundation for European Progressive Studies/ Fondation Européenne d’Etudes Progressives,  p. 7-8.

[30] Idem.

[31] La nouvelle diplomatie turque a organisé une série de conférences internationales sur la « prévention » et la « médiation » dans les conflits internationaux. Il s’agit entre autres des rencontres de 2012 portant sur le thème « Renforcer la paix par la médiation », de 2013 dont le thème est « Clés d’une médiation efficace : perspectives de l’intérieur », celle de 2014 intitulée « Le rôle croissant des organisations régionales dans la médiation », et enfin l’année 2017 portant sur le thème « Essor dans la diplomatie, action dans la médiation ». Pour les détails, voir : Ministère des Affaires Etrangères de la République de Turquie, « Résolution des Conflits et Médiation », http://www.mfa.gov.tr/resolution-of-conflicts-and-mediation_fr.fr.mfa.

[32] Ministère des Affaires Etrangères de la République de Turquie, « Résolution des Conflits et Médiation », http://www.mfa.gov.tr/resolution-of-conflicts-and-mediation_fr.fr.mfa, consulté le 10 juin 2019.

[33] Jean Njoya (2010). « Mondialisation et insertion internationale de l’Afrique : l’anthropologie d’une dynamique récusée », Verfassung und Recht in Übersee / Law and Politics in Africa, Asia and Latin America, vol. 43, n°4, p. 493, https://www.jstor.org/stable/43239583, consulté le 20 juin 2019.

[34] Muhammed Tandoğan (2018), p. 7.

[35] Mehmet Özkan (2016), p. 4.

[36] Idem, p. 11.

[37] Elem Eyrice T. (2019), p. 7.

[38] Oliver Mbabia (2011), p. 113-114.

[39] Abdelwahab Biad (2014),  p. 114.

[40] Tandis que Jana Jabbour (2014, p. 8) estime l’investissement turc en Libye à 26 milliards USD ave une population turque de 20 000 ressortissants, Gérard Groc (2012, p. 83) avance les chiffres de 30 milliards USD investi et 30 000 habitants turcs en Libye.

[41] İlhan Zengin (2019). « Türkiye, Sudan’ı Kaybediyor mu? », Association des Chercheurs sur l’Afrique (Afrika Araştırmacıları Derneği, (AFAM), https://www.afam.org.tr/turkiye-sudani-kaybediyor-mu/, consulté le 26 juillet 2019.

[42] Mürsel Bayram (2014), p. 5.

[43] La Renaissance Africaine est définie comme le lien établi avec la connaissance du passé pour aborder la question du développement économique, industriel et scientifique de l’Afrique dans l’œuvre du savant Cheikh Anta Diop dont l’importance apparaît cruciale pour le redressement de l’Afrique et l’édification d’une civilisation planétaire. Pour le cas spécifique de cette étude, on s’intéresse à la « Vision panafricaine 2063 » de l’Union Africaine pour le développement du continent. Pour les détails sur la Renaissance Africaine, voir : Cheikh Mbaké Diop (2007). « La Renaissance africaine : Enjeux et perspectives culturelles, scientifiques et techniques dans l’œuvre de Cheikh Anta Diop », Présence Africaine, 2007/1-2- 2008-1, n° 175-176-177, pp. 469-497, https://www.cairn.info/revue-presence-africaine-2007-1-page-469.htm.

[44] Pascal le Pautremat (2015). « L’Afrique : entre défis et succès potentiels, loin des fatalités », Diploweb.com : La Revue Géopolitique, https://www.diploweb.com/L-Afrique-entre-defis-et-succes.html, consulté le 21 juin 2019.

[45] Philippe Rekacewicz (2016). « Géopolitique africaine alternative. Dialogue cartographique avec Achille Mbembe », https://visionscarto.net/geopolitique-africaine-alternative, consulté le 12 juin 2019.

[46] African Union Commission (2015). Agenda 2063 : L’Afrique que nous voulons – Le plan décennal de mise en œuvre 2013-2023, Addis Abeba : African Union Commission, p. 17.

[47] Idem, pp. 19-20.

[48] Pour les détails, voir : Afrika Araştırmacıları Derneği (AFAM),  https://www.afam.org.tr/.

Share.

Yazar Hakkında

Doctorant en Histoire à l’Institut des Sciences Sociales de l’Université de Sakarya.

Yorum Yap