La mobilité intellectuelle internationale dans les ambitions mondiales d’Ankara : focus sur la coopération turco-africaine

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Introduction

La Turquie occupe une place majeure dans les mutations géopolitiques qui secouent le Moyen-Orient depuis le début des révolutions arabes en 2011, de par sa stabilité interne et les succès de son émergence régionale couplée à sa vision d’acteur central sur la scène internationale à l’horizon l’année 2023. Dans ce cadre, elle a initié avec ses partenaires (la Russie et l’Iran) le Processus d’Astana pour la résolution politique de la crise syrienne qui perdure sous une forme d’instabilité régionale permanente ; et, par ricochet, cette situation déliquescente a favorisé la progression des groupes terroristes (PKK, YPG et Daesh) sur ses frontières internationales qu’elle partage avec la Syrie. En respectant le droit international (sécurisation de son territoire et respect de la souveraineté de la Syrie), Ankara a lancé entre le 9 et le 22 octobre 2019 l’Opération Source de Paix (Barış Pınarı Harekâtı) dans le but de créer une « zone de sécurité » et de faciliter le retour des certains réfugiés syriens de la Turquie.

Mais, certains Etats européens ont lancé des compagnes médiatiques à l’encontre de la Turquie pour ternir son image à l’international. De son côté, sur tous les fronts, Ankara tente de mettre en avant la sincérité de ses engagements internationaux face aux partenaires  (les Etats-Unis, l’Union Européenne,  l’OTAN, etc.), y compris l’Afrique. Sous la coordination de Présidence pour les Turcs à l’étranger et communautés liées (Yurtdışı Türkler ve Akraba Topluluklar Başkanlığı-YTB), Association des Chercheurs sur l’Afrique (Afrika Araştırmacıları Derneği-AFAM), Centre africain de coordination et de formation (Afrika Koordinasyon ve Eğitim Merkezi (AKEM) et Agence Anadolu (Anadolu Ajansı-AA) ont co-organisé un programme de formation (Afrika Medya Temsilcileri Eğitim Programı, AFMED) des représentants du média africain (journalistes) qui regroupe 20 ressortissants de 15 pays du continent à Ankara et à Istanbul du 21 octobre au 12 novembre 2019. Dès l’ouverture du programme, les organisateurs ont rappelé aux participants le rôle de la première source d’information dans le traitement de l’actualité médiatique tout en faisant un parallélisme très net avec l’engagement militaire turc sur ses frontières syriennes. En arrière-plan de ce projet, il faut voir de près l’enjeu de construction d’une ligne médiatique solide entre la Turquie et l’Afrique (Türkiye Afrika Medyası Arasında Köprü Kurulacak), et par-delà la consolidation de l’émergence mondiale du pays via les procédés de transmission massive de l’information.

A partir de ce constat, cet article cherche à analyser la mobilité intellectuelle internationale comme un indicateur majeur d’évaluation de la construction de la puissance turque[1]. Cette étude privilégie la mise en perspective historique de court temps tout en esquissant la prospective à l’horizon l’année 2023 qui marque le Centenaire de la République de Turquie. Pour se démarquer de la littérature existante, globalement axée sur les bourses d’études turques sous l’angle de « soft power » d’Ankara sur la scène internationale, nous tenterons de voir loin et de penser global pour présenter l’intelligibilité de toute mobilité intellectuelle en direction de Turquie (où partir de Turquie) qui contribue au rayonnement international du pays. Bien qu’il y ait toute une panoplie d’acteurs et de structures pour la promotion et le soutien de ces programmes scientifiques et académiques qui lient la Turquie au reste du monde, ils ont tous un fond commun contribuant, à moyen terme, à la construction et à la centralité de la puissance turque sur la scène mondiale. Pour maîtriser les contours de cette réflexion scientifique, la coopération turco-africaine servira de cadre d’analyse spécifique.

Turquie : de l’attractivité universitaire à la construction d’un pole mondial d’échanges scientifiques

Les décideurs turcs ont engagé depuis le début des années 2000 de nombreux programmes d’éducation et d’échanges scientifiques pour assurer la présence, le rayonnement et l’influence du pays sur la scène mondiale. Il est alors important d’analyser l’attraction internationale des universités turques à l’aune de son positionnement international comme centre d’accueil et d’échanges scientifiques.

Comment esquisser une pensée stratégique turque de l’université internationalisée ?

Lorsqu’on observe globalement l’engagement de la Turquie sur la scène internationale depuis deux décennies, on constate qu’elle a adopté une offensive diplomatique exponentielle que ce soit dans le cadre bilatéral ou multilatéral. Pour soutenir cette politique extérieure, un ensemble de structures éducatives progressivement mises en place ont connu des échos et des succès à l’international au profit de l’image attractive de la Turquie. Nous croyons qu’il faut analyser désormais la politique extérieure de la Turquie non plus comme le fruit du néo-ottomanisme, mais plutôt comme un ensemble de pensée stratégique et d’ambition de puissance mondiale émergente qui se construit dans le cadre des conjonctures géopolitiques du XXIe siècle. C’est pourquoi, les autorités d’Ankara sous l’AK Parti ont entrepris une refonte globale de leur politique extérieure en s’appuyant sur les efforts des gouvernements précédents pour se déployer dans un cadre mondial et non plus régional[2]. Cette recherche du statut d’un Etat central sur la scène internationale est appuyée aussi bien par des décideurs politiques que d’éminents intellectuels qui dirigent des structures étatiques, para-publiques ou privées en Turquie.

Pour parler de ces structures éducatives de la projection d’Ankara sur le plan international, il faut prioritairement se référer à YTB avec son programme de Türkiye Bursları qui a vu le jour en 2012. Ce programme est l’aboutissement des efforts fournis dans le passé avec deux césures historiques importantes : dans les années 1960, la Turquie a commencé à accorder des bourses d’études dans le cadre des accords bilatéraux ; et en 1992, le gouvernement de Turgut Özal a mis pour la première fois la politique éducative turque des étudiants internationaux sous le nom de « Büyük Öğrenci Projesi ». D’après le site officiel de YTB, l’objectif principal de ce programme de Türkiye Bursları est de développer des relations de coopération avec d’autres Etats et d’enrichir la connaissance au niveau mondial[3]. Comme il sera analysé plus bas, YTB joue un rôle central dans l’attraction des étudiants internationaux vers la Turquie, leur encadrement socio-académique et professionnel lors du séjour d’études et enfin la solidification de leurs liens avec la Turquie et son peuple après les études, que ces diplômés soient de retour dans leurs pays respectifs ou qu’ils continuent de vivre en Turquie[4].

En replaçant le programme de ces bourses d’études de la Turquie dans le contexte global, on peut affirmer avec Kemal KAYA que, par ce recrutement des étudiants et des scientifiques talentueux dans différents pays du monde, Ankara viserait à exporter ses valeurs culturelles et rendre dynamique les activités économiques générées ou appuyées par des étudiants internationaux, répondre au besoin de main-d’œuvre créé par l’économie mondiale, accroître le degré de diplomatie, et à développer via l’éducation un environnement mondial de tolérance mutuelle et de dialogue interculturel en matière de sécurité qui menace la paix mondiale[5]. Bien que ce programme d’attraction éducative de la Turquie soit une volonté politique d’Ankara, il faut souligner que cela devenait une exigence primordiale pour asseoir la visibilité et l’influence de la Turquie sur la scène mondiale si l’on tient compte de ses motivations de puissance et de statut d’acteur central.

Parmi ces structures de promotion éducative, nous avons également l’Institut Yunus Emre qui a commencé ses activités en 2009. Cette structure de fondation publique est un pivot capital de la diffusion de la langue et de la culture turques sur le plan international ; c’est pourquoi elle est présente dans les quatre coins du monde avec actuellement 58 centres culturels dans 48 pays. Outre les activités culturelles et artistiques et le soutien aux recherches scientifiques de la diffusion de la langue turque et de la turcologie, cet Institut a noué des coopérations avec de nombreuses structures d’enseignement supérieur sur le plan international. D’après les données disponibles sur son site officiel, l’Institut vise à promouvoir la Turquie, la langue turque, son histoire, sa culture et son art, tout en soutenant les personnes qui souhaitent suivre une formation dans les domaines de la langue, de la culture et des arts turcs[6]. Donc, on peut constater que l’Institut travaille dans l’amélioration de l’amitié entre la Turquie et d’autres pays à travers les échanges culturels.

A cette liste de structures, il faut y ajouter la Foundation Maarif (Türkiye Maarif Vakfı) qui est la seule organisation éducative (avec le Ministère de l’Education Nationale) ayant l’autorisation de mener des activités éducatives au nom de la République de Turquie à l’étranger. Cet organisme à but non lucratif exerce de l’enseignement préscolaire à l’enseignement supérieur pour assurer l’interaction culturelle et civilisationnelle commune centrée autour de la paix de l’humanité et de la sagesse de l’Anatolie. La fondation a consacré ses valeurs sur huit à l’instar de la confiance, de la coopération et de la solidarité, de la transparence, de la conduite et du mérite, de la bonté, de la primauté de l’éducation, et enfin de l’universalité[7]. Créée en 2016, cette fondation s’est associée à la diplomatie turque pour contrer l’influence de toutes structures liées ou affiliées à la tentative du coup d’Etat du 15 juillet de la même année contre le régime en place à Ankara. Elle a réussi à implémenter jusque-là 317 structures éducatives et 42 dortoirs dans le monde, sans oublier ses nombreux partenariats pour assurer le succès de ses activités surtout dans les zones d’influences diplomatiques d’Ankara (le Moyen-Orient, l’Asie Centrale, les Balkans et l’Afrique).

En bref, à côté de ces structures étatiques (YTB, l’Institut Yunus Emre, le Ministère de l’Education Nationale, Türkiye Maarif Vakfı, etc.) qui assurent la mobilité des étudiants et des intellectuels entre la Turquie et le reste du monde, on peut ajouter également les universités (les facultés), la Diyanet, les organisations non-gouvernementales, bref la société civile turque et les think tanks. Cette panoplie d’acteurs a un fond commun qui est celui de l’émergence mondiale de la Turquie ; c’est pourquoi ces différents acteurs mènent globalement leurs activités dans les zones d’influences diplomatiques turques. Dès lors, il est important d’étudier le prolongement de cette mobilité d’études sous le prisme des programmes d’échanges scientifiques qui lient la Turquie à d’autres parties du monde.

Les programmes d’échanges académiques et l’ambition internationale d’Ankara

Les Programmes d’échanges académiques et scientifiques s’inscrivent dans le cadre de la diplomatie culturelle (cultural diplomacy) qui est en pleine effervescence en ce début du XXIe siècle. Grâce à cette diplomatie culturelle et la pression de la mondialisation, le renouvellement du champ diplomatique se déroule aussi hors du cadre officiel en se servant de la culture dans le but de mettre en place un dialogue et une compréhension des cultures. C’est ce qui permettra d’aplanir les différends. On peut tout simplement dire que la diplomatie culturelle est un prolongement de la diplomatie étatique, c’est-à-dire un élément parallèle et complémentaire de la politique étrangère. L’un des aspects majeurs des programmes d’échanges académiques se structure autour de l’envoi à l’étranger ou de l’accueil des étudiants, des stagiaires, des académiciens, etc. pour établir un dialogue de savoir et de cultures avec d’autres pays afin de constituer un environnement international solidaire et pacifique[8].

Au niveau global, les pays comme les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, la France, la Chine, le Japon, etc. sont parmi les acteurs majeurs qui pratiquent cette diplomatie culturelle à travers des programmes culturels et de la promotion de la langue. Par exemple, 50 000 Russes ont visité les Etats-Unis entre 1958 et 1988 dans le cadre des programmes formels d’échange ; et de même des Américains ont visité, durant cette période, l’Union des Républiques Socialistes et Soviétiques (URSS). Cela a contribué, sous le prisme de « soft power », à la pacification de la scène internationale dans le contexte de la guerre froide[9]. De même, il y a eu la mobilité d’études de plus de 5 millions de lycées entre la France et l’Allemagne entre la deuxième guerre mondiale et l’année 1998. Cela a aussi favorisé la normalisation des relations  entre les deux pays[10].

L’adhésion de la Turquie au programme d’échange d’études au programme ERASMUS de l’Union Européenne s’inscrit dans le vaste projet d’internationalisation des étudiants dans les universités turques qui a débuté à la fin de la guerre froide. Les trois premiers grands projets mis en place furent les suivants : premièrement la Turquie a ouvert des centres d’apprentissage et de diffusion de la langue turque en Asie Centrale, dans le Caucase, au Moyen-Orient et dans les Balkans ; deuxièmement les ONG turques ont commencé à ouvrir des écoles à l’étranger ; troisièmement le “Büyük Öğrenci Projesi” de 1992 a permis au pays d’offrir des bourses études aux étudiants étrangers afin de leur permettre d’intégrer les universités turques[11]. C’est exactement entre 2002 et 2004 que la Turquie a fini son adhésion complète au programme d’ERASMUS[12]. La Turquie se sert alors de ce programme de mobilité d’études comme un tremplin efficace dans le processus d’internationalisation de ses universités. Bien que la mise en œuvre du programme soit concentrée sur la Commission Européenne, l’Agence Nationale de la Turquie joue également un rôle déterminant notamment dans les domaines de la mobilité des individus (les apprenants, les stagiaires, les jeunes, les enseignants, les formateurs, les animateurs socio- éducatifs), de la coopération en matière d’innovation et d’échanges de bonnes pratiques, du soutien à la reforme des politiques par l’intermédiaire d’une coopération avec les réseaux universitaires. Précisons que pour la période 2014-2020, ce programme ERASMUS dispose d’un budget global de 14,774 milliards d’euros[13].

Pour rendre la Turquie comme un centre mondial attractif des étudiants internationaux, le pays a aussi institué officiellement le 23 août 2011 son propre programme d’échanges avec d’autres pays sous le nom de Mevlana Değişim Programı. Le programme exige toutefois la signature des accords bilatéraux avant la mise en œuvre des partenariats entre les établissements d’enseignement supérieur de Turquie et ceux des pays concernés. Les étudiants bénéficiaires du programme doivent passer un séjour d’études d’un à deux semestres à l’étranger, tandis que pour les enseignants leur séjour est compris entre une semaine et trois mois. Réciproquement, la mobilité s’effectue aussi des pays signatures de l’accord bilatéral vers la Turquie[14]. D’après les données obtenues par le doctorant kazakhstanais Makpal Anlamassova, 55 établissements supérieurs de Turquie ont réussi à signer 351 protocoles de Mevlana Değişim Programı avec 41 différents pays pour l’année académique 2013-2014. C’est ce qui a permis en même temps à environ 1 000 étudiants et 1 000 personnels de l’enseignement supérieur de bénéficier de la mobilité que propose ce programme[15].

Au-delà donc de ce cadre universitaire, la Turquie utilise à bon escient tous les canaux nécessaires pour rendre le pays un centre d’attraction de l’intelligentsia, des futurs décideurs politiques, des diplomates, des journalistes, des intellectuels, des leaders religieux, etc. grâce aux nombreux et réguliers séminaires de formation, aux symposiums, aux sommets, aux colloques, aux conférences, etc. En tant partenaire stratégique de l’Afrique depuis 2008, la Turquie accorde une place importante à ce continent dans ces différents programmes de mobilité comme il sera analysé en profondeur dans les parties qui vont suivre.

La Turquie est-elle devenue le nouvel eldorado des Africains ?

La présence marquée des Africains en Turquie de ces dernières années est un fait réel qui incite l’attention du chercheur à se questionner sur les contours de cette mobilité. Cette observation peut être analysée d’une part à travers le parcours multiforme des étudiants africains en Turquie, et d’autre part à par partir de la diplomatie culturelle d’Ankara autour de l’intelligentsia du continent.

Le parcours et la vie des étudiants africains en Turquie 

Au regarde de l’histoire, l’Anatolie a été de tout temps un centre d’accueil de migrants, de voyageurs, des intellectuels, des réfugiés, etc. Que ce soit de l’immigration ancienne ou de l’immigration durant la période ottomane ou de l’immigration en Turquie contemporaine, il y aurait eu plus d’arrivée que de départ des personnes en Anatolie[16].  Par exemple, environ 200 000 migrants juifs sont arrivés dans l’Empire Ottoman après 1492, parce qu’ils étaient persécutés en Espagne, au Portugal et en Italie. De même, environ 1,8 million de Tatars se sont installés dans les villes turques de Konya, d’Izmir et d’Ankara, car ils étaient forcés à abandonner leur patrie après les guerres russo-ottomanes de 1854-1856 et 1877-1878. De toutes ces immigrations en situation de détresse, le gouvernement central d’Istanbul mettait en place de commissions indépendantes de gestion de la crise des réfugiés[17]. Dans la Turquie moderne, on peut situer deux phases historiques majeures d’immigration qui ont marqué la sociologie du pays. La première débute au moment de la désintégration de l’Empire Ottoman durant laquelle environ 1,6 million de personnes sont venues des Balkans ; et la deuxième commence au début des années 1990 avec le mouvement des individus venant de l’Asie, de l’Europe de l’Est et de l’Afrique ; ceux-ci considérant la Turquie soit une destination finale soit un pays de transit[18].

C’est dans le cadre de cette dernière phase d’immigration que s’inscrit la plus importante arrivée des étudiants et autres africains en Turquie. Il est incontestable que la Turquie est devenue ces dernières années l’une des destinations les plus privilégiées des étudiants africains qui sont en mobilité dans le monde. Avec un taux de +1 255 % d’évolution entre 2010 et 2015, la Turquie se présente comme un pays d’accueil des étudiants d’Afrique subsaharienne en plus forte progression puisqu’elle est passée en ce petit espace de temps du 34e rang au 13e rang de classement mondial de leurs destinations d’études[19]. Cette attraction est soutenue par le rôle de YTB et des nombreux Instituts Yunus Emre qui financent et soutiennent les études sur le continent et en Turquie. Pour ce qui est de YTB, le taux de candidatures est passé de 10 000 en 2012 à 100 000 en 2017 ; cette expansion a connu le record en 2019 avec 145 700 candidatures de 167 pays dans le monde[20]. La caractéristique des bourses d’études turques par rapport à celles d’autres pays dans le monde est que YTB assure en même temps l’octroi de bourse mensuelle, le placement et les frais d’études à l’université (et le centre d’apprentissage de langue turque),  le billet d’avion, l’assurance santé générale et le logement décent.

A côté des actions de YTB, le Ministère de l’Education Nationale a organisé du 19 au 21 octobre 2017 une conférence avec 28 ministres de l’éducation nationale d’Afrique. A l’issue de la rencontre, 41 accords de coopération ont été signés entre la Turquie et ces 28 pays du continent. Outre cela, en collaboration avec la Direction Générale de l’Enseignement Technique et Professionnelle de Turquie, TIKA a entrepris depuis 2012 des activités spécifiques dans 10 pays (le Soudan, le Madagascar, le Sénégal, la Tanzanie, le Cameroun, la Guinée, la Zambie, le Togo, le Djibouti et le Tchad) pour principalement soutenir et enseigner la technologie agricole[21]. Alors, on peut mettre en avant les privilèges que bénéficient les étudiants africains en Turquie comme l’un des indicateurs majeurs de leur prospérité dans l’acquisition des connaissances.

Outre l’université, les boursiers bénéficient régulièrement d’autres programmes académiques et socio-culturels qui intègrent entre autres les campements d’été, les pique-niques, les cours supplémentaires et de renforcement de niveau de langue turque, les cérémonies de graduation, les séminaires et les ateliers. Parallèlement aux études, il n’est pas rare de rencontrer des étudiants de l’Afrique subsaharienne en train de mener des activités économiques en rapport avec les entreprises ou dans le cadre privé entre la Turquie et leurs pays d’origine ; tandis que certains étudiants sont cooptés par des nombreuses ONG humanitaires turques qui exercent sur le plan international.

La diplomatie culturelle turque et la jeune intelligentsia africaine

La compagnie aérienne turque Turkish Airlines constitue certes la première vitrine du rayonnement international de la Turquie dans le monde. Elle a battu des records de qualité de services en devenant la meilleure compagnie en Europe pour la sixième fois consécutive entre 2011 et 2016, et elle remporta le même prix pour la neuvième fois dans le cadre du Sud de l’Europe[22]. Sur le continent, elle couvre environ 55 destinations vers différents pays. A travers ce « pont aérien » stratégique, les Turcs sont en contact direct avec les intellectuels et faiseurs d’opinion sur le continent. Outre l’aide humanitaire, les feuilletons, les films, le réseau public international de télévision, de radio et de presse (TRT et Anadolu Ajansı), les célébrités dans plusieurs domaines (le musicien Tarkan, le Prix Nobel de la Littérature 2006 Orhan Pamuk, le réalisateur Nuri Bilge Ceylan, le Prix Nobel de Chimie 2015 le Professeur Aziz Sancar, etc.) permettent au pays de présenter au monde son rayonnement culturel[23]. Pour qu’il y ait influence culturelle autour de l’élite africaine, il a fallu que la Turquie ait un ensemble de programmes de formation et d’échange qui soient en même temps rapprochement avec le continent et consolidation de la coopération par le « haut ». Pour mesurer cette stratégie de séduction d’Ankara, on va seulement se limiter à quelques programmes ayant des incidences majeures sur la perception de l’élite africaine sur le partenaire turc.

Parmi tant de programmes qu’organisent les Turcs au profit de l’Afrique, on peut en parler du programme de formation de court terme aux médias (AFMED)[24] destiné aux professionnels africains. Comme il a été précisé à l’introduction, ce programme a été organisé par YTB en collaboration avec AFAM, AKEM et l’Agence Anadolu. Durant trois semaines (du 21 octobre au 12 novembre 2019), ces 20 participants de 14 pays (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Tchad, Éthiopie, Afrique du Sud, Kenya, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Somalie et Soudan) ont assisté aux séminaires et aux séances pratiques de leur profession à Istanbul et à Ankara, sans toutefois oublier les rencontres avec les grandes structures allant de TIKA à YTB en passant le Ministère de la Communication, la maison culturelle Afrika El Sanatları Pazarı ve Kültür Evi, etc. Tout cela contribue à renforcer l’interaction médiatique voire culturelle des journalistes africains avec la Turquie. Il appert qu’Ankara a compris que la construction de sa puissance ne peut être efficace si le pays n’engage pas une véritable campagne médiatique afin de présenter au monde et à l’Afrique la sincérité de ses engagements internationaux dont les médias africains ont pris l’habitude de se ressourcer auprès des partenaires de l’Occident. N’oublions pas que les journalistes constituent l’importante vitrine capable de déceler les techniques de propagande afin de permettre à la population d’accéder aux bonnes informations vérifiables. En coopérant ainsi avec la jeune élite médiatique du continent, les autorités d’Ankara renforcent, parallèlement à leur offensive diplomatique via les 42 ambassades sur le continent, leur présence et leur influence en Afrique par le « haut ».

Pour assurer l’intégration stratégique avec l’Afrique et créer un cadre de partenariat de références, la Turquie a accordé une importance particulière à la formation des jeunes diplomates africains dans l’Académie Diplomatique du Ministère des Affaires Etrangères à Ankara.  Créée en 1968, cette Académie Diplomatique accorde annuellement, depuis 1992, un programme de formation aux jeunes diplomates de carrière du monde entier aussi bien dans le cadre bilatéral que multilatéral. Ainsi l’Afrique a-t-elle été l’une des cibles majeures depuis le début des années 2000. D’après le bilan global depuis la fondation du programme jusqu’en juin 2019, il y a eu 1 255 jeunes diplomates de 135 pays qui ont pleinement bénéficié de la formation à Ankara[25]. Tandis que seul le Congo (lequel ?) qui figure dans la liste des 15 pays ayant signé le protocole d’échange de diplomates, on retrouve de nombreux pays africains parmi les 95 Etats ayant signé un protocole d’accord de coopération avec cette Académie Diplomatique.

Il s’agit des pays suivants : l’Algérie, le Benin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Djibouti, la République Démocratique du Congo, l’Egypte, la Guinée Equatoriale, l’Ethiopie, le Gabon, la Gambie, la Guinée, le Kenya, le Lesotho, le Libéria, la Libye, le Madagascar, le Mali, le Maroc, la Namibie, le Niger, la République du Congo, le Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal, le Rwanda, la Zambie, l’Afrique du Sud, le Soudan du Sud, le Soudan, la Tanzanie et la Tunisie[26]. Cette influence prépondérante de coopération via les jeunes diplomates est facilitée par des visites effectuées dans diverses institutions publiques, groupes de réflexion, organisations de la société civile et universités (la Grande Assemblée Nationale Turque, TIKA, YTB, l’Institut Yunus Emre et Conseil des relations économiques extérieures (Dış Ekonomik İlişkiler Kurulu, DEİK) , des villes et des lieux culturels et touristiques[27].

Globalement, on constate que la Turquie ne s’adresse pas seulement aux entités étatiques africaines, mais elle use également aussi bien de la diplomatie publique que de la diplomatie culturelle pour avoir recours à la société africaine (la population, la jeunesse, les jeunes leaders, les médias, etc.) dans le dessein de créer une sorte de relation de compréhension réciproque à long terme et d’influer leur perception de l’image de simplicité et d’attractivité du pays. Il ne sera pas de trop de préciser qu’Ankara a adopté, tout au moins facilite, avec d’autres acteurs non étatiques (et les bureaux des organisations internationales localisées à Istanbul et à Ankara) des stratégies efficaces de communication via les conférences, les sommets, les congrès internationaux pour assurer la montée en puissance du pays. A tous les niveaux, le partenaire africain (la diaspora estudiantine, l’Union Africaine, les Etats, les élites du continent, etc.) est  convié, tout comme le démontre la célébration de la Journée de l’Afrique[28] le 25 mai de chaque année par les autorités turques.

Ankara au-devant de la scène mondiale : quels sont les nouveaux défis et enjeux de la politique africaine de la Turquie?

Si l’on tient toujours au cadre d’analyse de cet article qui est celui de la double entrée selon laquelle la Turquie vise, à court terme, à devenir une puissance mondiale d’une part, et, elle renforce incessamment sa coopération de partenariat stratégique avec l’Afrique d’autre part, il est évident de s’attarder sur trois principaux points afin de questionner les nouveaux défis et enjeux de cette coopération turco-africaine. Il s’agit premièrement le rôle et l’influence de la diaspora africaine, deuxièmement la réévaluation des programmes d’échanges avec l’intelligentsia du continent, et enfin la révision des structures et acteurs de la mise en œuvre de la politique (éducative) africaine d’Ankara.

Vers plus de cohérence et d’encadrement des réseaux de diaspora africaine de Turquie

En ce qui concerne la diaspora africaine de Turquie, une bonne partie des Africains dans le pays est venue dans le cadre des études et elle dispose de potentialités entrepreneuriales. Cette situation s’explique par le fait que les populations estudiantines des pays du Sud, étant jeunes et ambitieuses (souci de travail, meilleur statut et avenir prometteur), se retrouvent dans le gros lot de la migration intellectuelle internationale vers les pays émergents et l’Occident[29]. N’oublions pas que l’Union Africaine « a crée » un nouvel « Etat » de sa diaspora en 2018 ayant pour siège à Accompong, en Jamaïque. D’après Louis-Georges Tin, ancien Président du Cran (Conseil représentatif des associations noires de France) et Premier Ministre de cet « Etat », on peut constater que : « L’objectif est de renforcer l’Afrique par la diaspora et la diaspora par l’Afrique. Ce gouvernement regroupe une vingtaine de personnes à parité, qui viennent de l’Inde, du Brésil, du Panama, des États-Unis, de France, de Belgique. Nous avons un Parlement dans toutes les régions du monde et surtout, nous avons un programme. Nous avons d’abord cette carte d’identité que nous lançons. Elle représente la citoyenneté. Nous avons également la banque de l’État de la diaspora africaine, une compagnie aérienne, une chambre de commerce ou encore un programme sur les restitutions et les réparations. Toutes les activités concrètes de cet État permettront d’organiser la coopération internationale à laquelle nous sommes attachés[30] ».

Lorsqu’on estime à 200 milliards de contribution globale de la mobilité des étudiants internationaux dans le monde[31], il n’en demeure pas moins vrai qu’il serait important de reconsidérer et d’encadrer au mieux la diaspora africaine de Turquie puisqu’elle est l’un des maillons essentiels de l’essor économique à l’international du pays et surtout elle assure les mouvements dans les deux sens de la coopération avec pour retombée l’amélioration de la connaissance de la Turquie et de ses produits sur le continent[32]. Contrairement aux immigrations de l’Occident vers la Turquie (spécifiquement à Alanya) pour des raisons de retraite des immigrants vieillissants, la diaspora africaine (jeune et dynamique) vit dans les grandes métropoles du pays où elle se retrouve dans le circuit des études, du commerce, des services, etc. Sans contribuer à déconnecter les uns et les autres de leur logique de regroupement communautaro-national, la Turquie peut faciliter la mise en place d’une structure supra-nationale afin d’avoir un interlocuteur efficace sur la mise en œuvre commune des projets pour le continent et assurer un dialogue civilisationnel avec les Turcs d’origine africaine anciennement installés.

Mobilité intellectuelle et structures de formation à l’épreuve des mutations de la scène internationale

En ce qui concerne la réévaluation des programmes d’échanges avec l’intelligentsia du continent, la Turquie doit faire face aux nouvelles stratégies de ses concurrents sur le continent à l’instar de la France ou du Brésil qui tente de contrer l’influence des autres acteurs en Afrique à travers des « projets de coopération triangulaire » qui prennent en compte des missions économiques[33], des programmes d’observation satellitaire, de télédétection, de sécurité alimentaire[34], etc. La Turquie doit agir dans le cadre d’une efficacité à long terme et que les projets de formation et les contacts avec la jeunesse intellectuelle africaine méritent d’être largement diffusés par les mass-médias, y compris en Afrique, tout en ayant en arrière-plan que les motivations géopolitiques du continent sont en partie dans le transfert de la technologie de la Turquie au bénéfice de cette intelligentsia du continent. Pour assurer la dimension qualitative et l’ampleur de ce volet de la coopération turco-africaine, Ankara est appelé à mettre en place une structure spécifique de programmes d’échanges d’études (étudiants, enseignants, chercheurs, etc.) à l’instar de son engagement avec ERASMUS de l’Union Européenne ou sa structure Mevlana Değişim Programı. Avec le lancement en 2010 du « Plan de mobilité académique intra-africaine » de l’Union Africaine, la Turquie peut, avec cette plateforme continentale, poser les bases d’une telle coopération aussi bien scientifique, technologique que culturelle[35].

Enfin peut-on penser à une révision des structures et acteurs de la mise en œuvre de la politique africaine d’Ankara ? La réponse est certes favorable dans la mesure où les recommandations, moindre soient-elles, seraient nécessaires pour les décideurs de la politique étrangère turque. En tant que « challenger » face aux pétro-monarchies du Golfe sur le continent, la Turquie joue « intelligemment ses cartes et utilise les erreurs des autres » pour s’ancrer en Afrique[36], d’où on peut évoquer les caractéristiques originales de son programme de bourses d’études en comparaison à celles d’autres au plan global. Justement à ce niveau, YTB devrait accompagner en amont les futurs candidats africains aux bourses turques à acquérir les rudiments de la langue turque et de les connaissances de base du pays, via des structures locales à mettre en place ou bien la coopération avec les centres de l’Institut Yunus Emre afin de faciliter, une fois arrivés, leur insertion et leur intégration dans le milieu académique turc. Il faut accroître les chances aux élèves du monde rural africain qui sont généralement brillants, mais ils ne sont ni informés de ces bourses ni capables d’accéder à Internet pour pouvoir postuler leurs candidatures. C’est pourquoi les étudiants africains présents en Turquie sont représentatifs de la jeunesse citadine africaine. Ensuite, le contingent des boursiers africains de chaque année devrait être inscrit dans un projet spécifique de formation clairement identifié à l’avance ; ce qui permettra de combler et de résoudre, à l’issue de graduation de chaque promotion, des problèmes pratiques dans la mise en œuvre de la politique africaine d’Ankara. Avec ces jeunes élites du continent, les questions de démocratie et de développement durable seront des axes majeurs à promouvoir au profit de cette coopération turco-africaine. La Turquie devra toutefois prendre la précaution d’avoir la bonne distance vis-à-vis des régimes africains en place, c’est-à-dire ni s’immiscer dans les affaires intérieures comme les Occidents, ni faire complètement profil bas à la manière chinoise sur l’état des droits humains et de la démocratie en Afrique.

A propos de ce programme spécifique à structurer dans la nouvelle orientation stratégique de la mobilité internationale des étudiants africains en Turquie, on peut s’en servir des think tanks turcs ou toute autre structure de la société civile ayant des activités majeures en rapport avec le continent. Par exemple, on peut se référer à AFAM ou AKEM, entre autres, afin d’identifier et d’évaluer les projets d’étude annuellement, le recrutement du personnel enseignant, le suivi des formations et les résultats en rapport simultanément avec les ambitions mondiales d’Ankara de l’année 2023 et les enjeux globaux du continent. Sans donner une liste exhaustive, les projets d’étude et de recherche peuvent être axés sur : la perception de l’élite africaine de l’engagement africain de la Turquie[37] ; la renaissance et l’intégration régionale du continent ; la paix et la sécurité en Afrique à l’épreuve des rivalités des acteurs internationaux ; les projets ferroviaires et routiers transnationaux en Afrique ; les enjeux de l’université virtuelle africaine ; la santé, l’industrie et l’énergie dans les zones post-conflits ; l’implémentation et la gestion entrepreneuriale turque en Afrique ; le partenariat turco-africain et l’urbanisation en Afrique (s’appuyer sur Toplu Konut İdaresi – TOKI), la coopération universitaire et les campus des universités turques en Afrique, le projet linguistique de traduction des documents (langue turque-langues africaines et vice-versa (en collaboration avec Kültür ve Turizm Bakanlığı Türk Kültür, Sanat ve Edebiyat Eserlerinin Dışa Açılımını Destekleme Projesi – TEDA) ; vestiges et histoire africaine de l’Empire Ottoman, etc.

Conclusion

Tout compte fait, en se fixant l’objectif d’être un acteur central sur la scène mondiale à l’horizon l’année 2023, la Turquie a su nouer des relations académiques avec l’Union Européenne et d’autres partenaires. Elle cherche à faire du pays un centre et un carrefour mondial d’échanges scientifiques, d’enseignement et de recherche. A travers des bourses d’études et des réseaux éducatifs, Ankara réussit à tisser des relations privilégiées avec l’Afrique par le biais de la mobilité des étudiants et de la jeune intelligentsia vers la Turquie. Pour booster cette coopération turco-africaine, il est judicieux d’adopter une stratégie globale de réévaluation en termes des rapports à la diaspora africaine et des structures de recrutement, d’encadrement et de suivi des boursiers et autres acteurs africains en direction de Turquie. Au-delà de la problématique centrale de cette étude, il serait finalement nécessaire de conclure avec cette pensée de Niang qui appelle l’Afrique à établir un cahier des charges efficace et de longue vision face aux pays émergents. Il déclare à ce titre : « S’il y a donc une conviction prospective dans les relations entre les pays émergents et le continent, c’est que nous n’aurons pas d’avenir sans indépendance ni implication dans tous les domaines, à commencer par le choix d’une stratégie d’engagement maîtrisée, et édifiée comme telle, d’après des modèles de transformation sociale qui nous sont propres, voulus par nous-mêmes, notamment en matière d’économie, d’environnement[38] ».

Sources et bibliographie

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Notes de bas de page

[1] Pour des données chiffrées sur la mobilité internationale des étudiants de l’Afrique subsaharienne vers la Turquie, voir : Mehmet Baydemir (2018). « Türkiye’de Sahraaltı Afrikalı Öğrenci Haraketliliği (2014-2018) », Association des Chercheurs sur l’Afrique (Afrika Araştırmacıları Derneği, (AFAM), https://www.afam.org.tr/turkiyede-sahraalti-afrikali-ogrenci-haraketliligi-2014-2018/, consulté le 13 septembre 2019.

[2] Bruno Hellendorff  et Michel Luntumbue (2014). « Fondements des Politiques Africaines des Émergents  (Brésil, Inde, Turquie et Afrique du Sud) », note n°11 du 25 septembre 2014, Bruxelles : Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité (GRIP), p. 9, www.grip.org, consulté en février 2019.

[3]Yurtdışı Türkler ve Akraba Topluluklar Başkanlığı (YTB), « Türkiye Bursları », https://www.ytb.gov.tr/uluslararasi-ogrenciler/turkiye-burslari, consulté le 09 novembre 2019.

[4] Pour plus de détails sur les activités de YTB au bénéficie des étudiants internationaux, voir : ses rapports d’activités des années 2015, 2016, 2017, 2018 et le « Strategik plan 2019-2023 » qui sont disponibles sur son site web.

[5] Kemal Kaya (2014). « Türkiye’nin Afrika Açılım Stratejisinde Uluslararası Öğrenci Hareketliliğinin Rolü »,  Thèse de Spécialisation (Uzmanlık Tezi), Ankara : T.C. Başbakanlik  Yurtdışı Türkler ve Akraba Topluluklar Başkanlığı, p. 11.

[6] Yunus Emre Institute, «Corporate », https://www.yee.org.tr/en/corporate/yunus-emre-institute, consulté le 10 novembre 2019.

[7] Türkiye Maarif Vakfı, « Kurumsal », https://turkiyemaarif.org/page/534-turkiye-maarif-vakfi-12, consulté le 10 novembre 2019.

[8] Makpal Anlamassova (2016). « Türkiye’nin Yumuşak Güç Araçlarından Biri Eğitim ve Akademik Değişim Programları », 2e congrès des sciences sociales de YTB, Ankara : T.C. Başbakanlik  Yurtdışı Türkler ve Akraba Topluluklar Başkanlığı, p.318.

[9] Joseph Nye, « Soft Power and High Education », Forum for the Future of Higher Education, http://forum.mit.edu/articles/soft-power-and-higher-education/, consulté le 1er novembre 2019.

[10] Makpal Anlamassova (2016), p. 319.

[11] ibid.

[12] Republic of Turkey –Ministry for UE Affairs (2017). « National Report of Turkey on  the implementation and the impact of Erasmus+ and Predecessor Programmes: Lifelong Learning, Youth in Action », Republic of Turkey –Ministry for UE Affairs, pp. 2-3.

[13] Commission Européenne (2019). Erasmus+ : Guide du programme, Bruxelles : Commission Européenne, p. 15.

[14] Mevlana Değişim Programı, « Mevlana Değişim Programı Nedir? », https://mevlana.yok.gov.tr/temel-bilgiler, consulté le 11 novembre 2019.

[15] Makpal Anlamassova (2016), p. 320.

[16] Pour plus de détails, voir : Mohammed Ali Musa (2016).  « Turkey as a country of immigration throughout its history (Türkiye, tarihi boyunca bir göçmen alan bir ülke olarak) », 2e congrès des sciences sociales de YTB, Ankara : T.C. Başbakanlik  Yurtdışı Türkler ve Akraba Topluluklar Başkanlığı, pp. 22-28.

[17] ibid., p. 23-25.

[18] ibid., p. 25.

[19] Campus France (2017). « La mobilité internationale des étudiants africains », Les Notes de Campus France hors-série n° 16 – novembre 2017, Paris : Campus France, pp. 6-7.

[20] Yurtdışı Türkler ve Akraba Topluluklar Başkanlığı (YTB), « Türkiye Bursları », https://www.ytb.gov.tr/uluslararasi-ogrenciler/turkiye-burslari, consulté le 09 novembre 2019.

[21] Suna Timur Ağıldere (2018). « Türkiye-Afrika Ilişkilerinde Yükselen Yıldız: Eğitim », Agence Anadolu (AA), https://www.aa.com.tr/tr/analiz-haber/turkiye-afrika-iliskilerinde-yukselen-yildiz-egitim/1060756, consulté le 19 octobre 2019.

[22] Öznur Küçüker Sirene (2019). « Le « soft power » turc : la Turquie à la conquête des cœurs dans le monde », TRT, https://www.trt.net.tr/francais/programmes/2019/05/23/le-soft-power-turc-la-turquie-a-la-conquete-des-coeurs-dans-le-monde-1206876, consulté le 18 octobre 2019.

[23] ibid.

[24] Pour les détails, voir : AFAM (2018) « Afrika Medya Temsilcileri Eğitimi Programı (AFMED) Başlıyor… », Association des Chercheurs sur l’Afrique (Afrika Araştırmacıları Derneği, (AFAM), https://www.afam.org.tr/afrika-medya-temsilcileri-egitimi-afmed-programi-basliyor/, consulté le 12 novembre 2019.

[25] Diplomacy Academy of the Ministry of Foreign Affairs (Ankara), « About The Academy », http://diab.mfa.gov.tr/about_the_academy.en.mfa, consulté le 12 novembre 2019.

[26] Diplomacy Academy of the Ministry of Foreign Affairs (Ankara), « Collaboration », http://diab.mfa.gov.tr/collaboration.en.mfa, consulté le 13 novembre 2019.

[27] ibid.

[28] Pour les détails, par exemple, de la tribune rédigée par le Ministre turc des Affaires Etrangères intitulée « la construction d’une alliance solide Turquie-Afrique », voir : Agence Anadolu (2018). « Turquie/Afrique: Çavuşoğlu célèbre la Journée de l’Afrique » à l’occasion de la Journée de l’Afrique 25 mai 2018, https://www.aa.com.tr/fr/afrique/turquie-afrique-cavusoglu-c%C3%A9l%C3%A8bre-la-journ%C3%A9e-de-lafrique/1156793, consulté le 13 novembre 2019.

[29] Kemal Kaya (2014), p. 11.

[30] France 24 (2019). « La diaspora africaine, un nouvel État ? », https://www.france24.com/fr/20191016-diaspora-africaine-etat-union-louis-georges-tin-citoyennete-gouvernement, consulté le 12 novembre 2019.

[31] Makpal Anlamassova (2016), pp. 320-321.

[32] Bartola Mavric (2016). « İstanbul’daki Afrikali Göçmenlerin Sosyo-Ekonomik Durumlarına Yönelik Bir Değerlendirme », Thèse de Master, Institut des Sciences Sociales de l’Université d’Istanbul, p. 55.

[33] Bruno Hellendorff  et Michel Luntumbue (2014), p. 10.

[34] Jean-Raphaël Chaponnière  et al. (2013). L’Afrique et les grandes émergents, Paris : Agence Française de Développement, p. 14.

[35] Pour les détails de l’aperçu succinct de la représentation culturelle de l’Afrique en Turquie par les étudiants, voir : Abdulaziz Dino Gidreta (2016). « Cultural representation of Africa in Turkey in the context of international student cultural exhibitions », 2e congrès des sciences sociales de YTB, Ankara : T.C. Başbakanlik  Yurtdışı Türkler ve Akraba Topluluklar Başkanlığı, pp. 393-400.

[36] Jérémie Berlioux (2019). « Turquie : vers l’Afrique et au-delà », Libération, https://www.liberation.fr/planete/2019/02/18/turquie-vers-l-afrique-et-au-dela_1710136, consulté le 09 novembre 2019.

[37] Nous tenons l’inspiration d’une intéressante Thèse de Doctorat/PhD qui a été rédigée par le Camerounais Nkwah Akongnwi Ngwa dans ce cadre de la perception de la politique extérieure de la Turquie par l’élite africaine. Voir : Nkwah Akongnwi Ngwa (2019). « Perceptions of the Foreign Policies of France and Turkey in Francophone Africa: An Elite Perspective of Cameroon and Cote D’Ivoire », Thèse de Doctorat/PhD en Relations Internationales, Institut des Sciences Sociales de l’Université Ankara Yıldırım Beyazıt.

[38] Ibrahim Niang (2016). « L’Afrique a-t-elle un cahier des charges face aux pays émergents », Abdelali Naciri Bensaghir  (dir.) Reconnexion de l’Afrique à l’économie mondiale, Dakar : Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique (CODESTRIA),  pp. 212-213.

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Yazar Hakkında

Doctorant en Histoire à l’Institut des Sciences Sociales de l’Université de Sakarya.

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